Vignes de cépage Chardonnay en Champagne

Alors que la COP 21 se tenait à Paris, le Comité Champagne qui rassemble les vignerons et maisons de Champagne présentait à la presse les efforts de toute la filière pour diminuer l’impact de son activité sur l’environnement et le réchauffement de la planète.

Il faut dire que dans le monde viti-vinicole, et qui plus est en Champagne, le réchauffement climatique est un fait avec une température moyenne de +0,8°C depuis l’ère préindustrielle. Ainsi les vignerons s’adaptent tous les ans à cette évolution tout en agissant et innovant afin de réduire leur empreinte carbone.

De fait c’est en 2003 que la Champagne a été la première région viticole au monde à mettre en place un bilan carbone. En a résulté un plan carbone qui a permis de réduire de 15 % les émissions par bouteille de Champagne.

Les acteurs de la filière ne souhaitent bien sûr pas en rester là et se sont fixés des objectifs élevés pour 2050 qui, au-delà des bénéfices pour le climat et l’environnement, vont pousser la région à investir dans l’économie circulaire et la bioéconomie.

Une des première actions a été de travailler sur l’emballage. Celui-ci représentant pas moins d’un tiers des émissions carbone ! Et le premier des emballage, la bouteille, a fait l’objet de 5 années d’expérimentations pour aboutir au meilleur compromis possible entre la plus forte diminution de poids et la conservation des propriétés mécaniques de la bouteille, soumise à une forte pression, garantie par les verriers.

En résulte une diminution de 7% du poids de la bouteille qui passe ainsi en moyenne de 900g à 835g. Cela peut paraître négligeable, mais compte tenu des volumes produits cela correspond tout de même à une réduction des émissions de 8.000 tonnes de co2 par an; soit l’équivalent d’un parc de 4.000 véhicules !
Aujourd’hui les maisons de champagnes travaillent aussi sur les boites et autres tubes, certes pas nécessaires, mais toujours demandés par les consommateurs qui associent le vin de champagne au luxe.

La viticulture est également une activité productrice de déchets. En Champagne cela représente pas moins de 120.000 tonnes de bois de vigne par an (sarments, charpentes et souches) et autant de sous-produits vinicoles (marcs, bourbes et lies).

Pour qu’ils ne soient pas de simples déchets la profession broie 75 % des bois de vigne au sol qui devient ainsi un fertilisant naturel. Les 25 % sont brulés et leur valorisation énergétique représente un potentiel de 0,5 tonne équivalent pétrole par hectare.

100 % des sous-produits vinicoles sont quant à eux valorisés dans les domaines de l’industrie (carburant, alcool industriel), de la cosmétique, de la santé ou de l’agro-alimentaire.

Au final 90 % des déchets font également l’objet d’un tri sélectif et d’une valorisation matière ou énergie.

Limiter la production de carbone, optimiser et recycler les déchets ne sont pas les seuls efforts produits pas les professionnels du champagne.

Une viticulture durable

En effet les vignerons se sont mobilisés afin de rendre l’utilisation des produits chimiques la plus exceptionnelle possible.

 Ainsi aujourd’hui 30 % des surfaces de vignes sont certifiées « Viticulture Durable » en Champagne. Ce qui a permis de réduire de 50% en 15 ans l’usage des produits de protection de la vigne et des matières fertilisantes, et quand ceux-ci sont utilisés, pour 50%, ils sont autorisés en agriculture biologique.

Afin de reproduire un écosystème dans le vignoble, participant ainsi naturellement à la protection de la vigne, la Champagne a procédé au triplement des surfaces enherbées en 10 ans et aujourd’hui les contours des parcelles sont enherbés naturellement à plus de 95 %.

De même la Champagne est aujourd’hui la première région française pour le développement de la technique biologique de confusion sexuelle qui permet la quasi-suppression des traitements insecticides classiques (15.000 hectares protégés par cette méthode, soit près de 45 % des surfaces de l’AOC).

On le voit donc, après des années où la protection de l’environnement passait largement après les rendements et les coûts, le vignoble champenois a résolument choisi de réagir.

Et ce bien que les conséquences du réchauffement climatique, d’ores et déjà perceptibles, soient aujourd’hui plutôt positives pour la qualité des vins (vendanges plus précoces, maturité optimale des raisins, fréquence accrue de grands millésimes) !

Afin de poursuivre dans cette dynamique le Comité Champagne s’est fixé comme objectif une réduction de 75 % d’émissions carbone en 2050.

Nous reviendrons dans un prochain article sur ce sujet au travers des efforts réalisés par une grande maison de champagne et un vigneron indépendant.