"Végétarien, végan ou flexitarien ? Ce qui est bon pour la santé » du Dr Edouard Pélissier

Alors que vient de débuter le Salon International de l’Agriculture de Paris, il y a fort à parier que l’on va débattre entre végétariens, voir vegans et omnivores. Mais coté arguments, c’est le Dr Edouard Pélissier qu’il faut écouter, ou plutôt lire dans son très intelligent ouvrage « Végétarien, végan ou flexitarien ? Ce qui est bon pour la santé » (Odile jacob).

Pour poser le décor, précisons d’emblée que le Dr Pélisssier n’est pas le premier venu, il est chirurgien en cancérologie, membre de l’Académie des sciences de New York et auteur d’une centaine de publications dans des revues médicales nationales ou internationales.

Au delà des querelles entre les adeptes des différents régimes, l’auteur a été motivé par la menace immanente du réchauffement climatique, l’effet de serre, dont l’élevage est aujourd’hui considéré comme un des responsables, mais aussi du fait des cas de maltraitance animale.

Alors pour le Dr Pélissier il n’y a pas de doute, il faut bel et bien revoir nos habitudes alimentaires afin de réduire notre impact sur la planète. Mais pour cela, faut-il pour autant passer à une alimentation basée uniquement sur le végétal ? Faut-il véritablement ne plus manger de viande ?

En effet comme le rappelle, non sans humour, l’auteur, « Notre organisme est celui d’omnivores, il est plus proche de celui du cochon que celui de la biche, même si en général nous trouvons que la biche est plus belle que le cochon ».

En effet nous sommes construits comme des omnivores et ce depuis « Homo ergaster et Homo erectus, (qui) avaient une dentition comparable à la nôtre et chassaient, comme l’attestent les armes et les os d’animaux trouvés avec les squelettes, dans les sites qu’ils occupaient ».

Certes il s’agit d’une évolution par rapport aux préhumains, les australopithèques comme la fameuse Lucy dont la mâchoire était plus adaptée aux nourritures végétales. Mais c’est justement cette évolution de l’espèce, avec l’acquisition de la chasse, qui a permis à l’Homo sapiens de se développer partout dans le monde. Tandis que l’autre branche, celle des singes, est restée dépendante de la nourriture végétarienne présente dans leur biotope qu’ils n’ont donc pas pu quitter.

Mais pour autant ne pourrions nous pas revenir en arrière ? Le Dr Pélissier aborde la question de l’abandon de la viande, voir des laitages et des oeufs, du point de vue de la santé bien sûr. Pouvons-nous devenir végétariens ? Le pas vers le végétalisme vaut-il d’être franchi ? Quels sont les avantages et les inconvénients du végétarisme et du végétalisme ?

Le Dr Pélissier qui a pratiqué la chirurgie viscérale, a observé combien les maladies chroniques (cancers, obésité, diabète, maladies cardio-vasculaires) étaient liées à un état d’inflammation chronique sous-jacent, dont l’alimentation était un des principaux facteurs.

C’est donc fort de son expérience, mais aussi mais aussi en s’appuyant sur les travaux scientifiques, abondants sur le sujet dans le monde entier, que l’auteur s’applique à comprendre en toute objectivité quel modèle alimentaire serait le plus souhaitable à la fois pour nous, et pour la planète.

S’il concède que les régimes végétariens apportent des bénéfices en termes de santé, confirmés par un grand nombre d’études (moins de maladies cardiovasculaires, moins de diabète et, à un moindre degré, un peu moins de cancers. Notamment en ce qui concerne le végétalisme n’en protège pas vraiment), il met aussi en garde ceux-ci.

Il aborde ainsi les risques réels de carences protéiques, de fer, mais également de l’indispensable vitamine B12, la vitamine D, le calcium, l’iode (chez les végétaliens), la DHA… qui peuvent provoquer des problèmes de santé graves. Par exemple la carence en calcium relevé chez les végétaliens montre un risque majoré (30% de plus que tous les autres régimes) de fractures liées à l’ostéoporose dans leur population.
Et surtout il souligne à quel point un produit cru et un produit transformé, ne serait-ce que par la cuisson même douce, peut voir ses qualités nutritives quasi disparaitre, comme le fer dans les épinards et autres lentilles par exemple. Ce qu’oublient trop souvent les défenseurs des régimes végétaux.

Ce qui fait rappeler au Dr Pélissier « qu’adopter un régime végétalien ne souffre pas l’approximation. Il faut beaucoup de connaissances pour éviter les écueils des carences ». Sachant qu’il est scientifiquement établi que pour la santé, végétalien ne fait pas mieux que végétarien ou flexitarien…

Ensuite, pour ce qui est de la santé de la planète, l’auteur imagine que l’on se mette à remplacer les calories et les protéines de la viande ou du lait par celles des céréales ou du soja, en espérant diviser l’impact écologique par dix. Il se pose aussi la délicate question de l’élevage, mais ne semble pas penser que cela est aussi simple qu’on pourrait le croire…

En effet si l’on souhaite nourrir vertueusement tout le monde, en mettant en parallèle impact environnemental et qualités nutritionnelles, il apparaît malheureusement que le passage à une alimentation purement végétale ne permet pas la réduction de l’empreinte environnementale qu’on aurait souhaité !

La solution réside bien entendu dans un changement de nos modes de consommation (le flexitarisme ?) mais dans le cadre d’une « écologisation globale », et qui commence notamment par une réduction drastique du gaspillage.

« Végétarien, végan ou flexitarien ? Ce qui est bon pour la santé » du Dr Edouard Pélissier est un ouvrage intéressant  dans le sens où il est particulièrement bien documenté, se veut le plus objectif possible et apporte aussi nombre d ‘informations cruciales sur les produits à privilégier dans les régimes végétariens où flexitariens, pour être en bonne santé.

Acheter « Végétarien, végan ou flexitarien ? Ce qui est bon pour la santé » du Dr Edouard Pélissier.