Si, suite à la crise sanitaire et économique, nombre de secteurs ont été soutenus par le gouvernement, L’Interprofession des Appellations Cidricoles (IDAC) tire le signal d’alarme pour les distilleries de Normandie. Elles se disent être oubliées lors de la mise en place des différents plans de relance. Selon l’organisation certaines sont en situation très délicate.

L’IDAC, l’interprofession représentative du secteur des appellations cidricoles d’origine contrôlée et protégée, qui fédère les AOC Calvados, Calvados Pays d’Auge, Calvados Domfrontais, Pommeau de Normandie, Pommeau de Bretagne, Pommeau du Maine ainsi que les AOP Cidre Pays d’Auge, Cidre Cotentin, Cidre Cornouaille et Poiré Domfront, alerte sur les graves problèmes rencontrés par le secteur cidricole normand.

Depuis mars dernier ces entreprises ont enregistré une baisse de 50% de chiffre d’affaires en moyenne et pour ce qui est du spiritourisme c’est une baisse de fréquentation d’environ 75% dans leurs établissements. 

Dans ce contexte, 300 entreprises, domaines et maisons de Calvados jugent inadaptées les mesures de soutien déployées par les pouvoirs publics. « Leurs réponses, qui correspondent à des logiques industrielles de transformation, ne sont pas opérantes pour les produits d’appellation », rapporte l’IDAC.  

Il est important de souligner que la filière Calvados, composée essentiellement de TPE/PME, génère un chiffre d’affaires annuel estimé à 60 millions d’euros et soutient des milliers d’emplois directs et indirects, non délocalisables. Chaque année, ce sont plus de.40 000 tonnes de pommes et de poires qui sont transformées.

« Elle draine dans son sillage quatre appellations d’origine contrôlée, toutes en croissance, et porte haut les couleurs de la France dans le monde. À l’heure de l’économie décarbonée, tous les acteurs de cet écosystème contribuent de manière essentielle et pérenne à l’exploitation de 8.000 hectares de vergers, soit deux fois la superficie de la ville de Lyon », ajoute l’IDAC.

Dans le contexte économique actuel ce sont donc plus de 2,5 millions d’arbres, où vit une biodiversité unique, qui sont aujourd’hui menacés. 

Au delà de leur production propre, ces distilleries participent aussi au tourisme local en accueillant plus de 300.000 visiteurs par an. De fait elles contribuent de la même façon à la valorisation de la marque « France » ainsi qu’à la reconnaissance et à la perpétuation du savoir-faire unique de la Normandie, acquis en plus de cinq siècles.

Un savoir-faire reconnu dans le monde entier avec 50% des ventes réalisées à l’export.  5,08 millions de bouteilles ont été commercialisées en 2019 dans 80 pays (+8%).

« La particularité et la densité du maillage territorial de la filière nécessitent des mesures d’aide spécifiques, adaptées, répondant aux besoins des petites entreprises, comme des plus grandes. À plus forte raison quand tout se mesure, aujourd’hui, à l’aune des « circuits courts », alerte l’IDAC.

Aujourd’hui, poursuit l’interprofession, « l’ensemble des producteurs et transformateurs engagés dans l’élaboration de Calvados estiment que les réponses qui leur sont apportées pour l’heure sont incomplètes, voire déconcertantes ».

Et de conclure, « À l’approche de la prochaine récolte automnale, et dans un contexte international incertain, des pistes de réflexion ont d’ores et déjà été formulées par les acteurs de la filière. Des solutions peuvent être trouvées rapidement, dans la concertation ».