Nous aurions dû présenter les nouveautés de l’Auberge Ravoux à Auvers-sur-Oise. Cela était sans compter sur la pandémie de coronavirus… Mais le confinement n’a pas eu que des effets négatifs. Il a même permis une découverte incroyable qu’il sera, espérons le, possible de visiter, avant ou après un déjeuner ou un dîner à la célèbre auberge, ce dès le printemps prochain.

Au printemps la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 a donc rendu impossible l’ouverture de l’Auberge Ravoux (dite Maison de Van Gogh) pour la saison 2020. Si nous n’avons donc pu nous y rendre pour tester la carte, le temps libéré a été mis à profit par l’établissement pour réaliser des travaux d’embellissement et d’entretien. Soyons positif, ce sera l’occasion d’encore mieux en profiter la saison prochaine.

D’autant plus qu’en parallèle, l’Institut Van Gogh s’est consacré durant le confinement à des recherches documentaires et historiques qui ont mené à une découverte pour le moins merveilleuse, puisque le grand public va pouvoir en bénéficier en se promenant à Auvers-sur-Oise.

Cette découverte est tout simplement le lieu exact où Van Gogh a réalisé son dernier chef-d’œuvre, la toile intitulée Racines. Confiné chez lui en Alsace,  Wouter van der Veen, directeur scientifique de l’Institut Van Gogh d’Auvers-sur-Oise, regardait une carte postale datant de 1900-1910 sur laquelle figurent, entre autres, un coteau couvert de troncs et de racines, dont ce qui lui semble être le fameux « angle droit » de l’arbre peint par Vincent.

« Tout ce que l’on voit dans ce tableau énigmatique trouve son explication dans ce qui se trouve sur la carte postale et sur le lieu même : la forme du coteau, les racines, leur configuration, la composition du terrain et la présence d’un affleurement abrupt de roche calcaire. L’endroit est également cohérent par rapport à l’habitude qu’avait Van Gogh d’immortaliser les motifs situés dans ses environs immédiats. La lumière du soleil peinte par Van Gogh montre qu’il a appliqué ses derniers coups de pinceau vers la fin de l’après-midi, ce qui nous renseigne sur son emploi du temps durant cette journée dramatique, qui s’est terminée par le geste suicidaire qui lui a été fatal. », explique le chercheur.

Une thèse que valide également Teio Meedendorp (chercheur au Musée Van Gogh) qui explique que « le lieu proposé a de très bonnes chances d’être le bon, à nos yeux. C’est une belle découverte. La végétation de la carte postale montre, après examen, des similitudes tout à fait remarquables avec les formes des racines du tableau de Van Gogh. Ce qui est d’autant plus exceptionnel, dramatique en quelque sorte, c’est qu’il s’agit de sa dernière œuvre. Réalisé dans un environnement qu’il avait déjà documenté auparavant avec d’autres tableaux. Il a dû souvent passer à côté de l’emplacement en allant dans les champs qui s’étendaient derrière le château d’Auvers, où il peignait justement durant sa dernière semaine et où il finit par attenter à ses jours. ».

La thèse a été également soumise à Bert Maes, dendrologue (spécialiste de la reconnaissance et de la classification des arbres des végétaux ligneux). Or en se basant sur la pratique artistique de Van Gogh et sur la comparaison entre le tableau, la carte postale et l’état actuel du coteau, les experts en ont conclu qu’il s’agit « très vraisemblablement » du bon endroit.

C’est ainsi qu’en mai dernier, à la fin du confinement, Wouter van der Veen s’est rendu sur place à Auvers-sur-Oise afin de vérifier son hypothèse. Il a été particulièrement ému de constater que le plus grand tronc d’arbre du dernier motif du peintre est toujours présent et reconnaissable. Ce qui en ferait au passage la seule représentation de Van Gogh encore inchangée (ou presque) 130 années plus tard ! 

En concertation avec les autorités locales, l’Institut Van Gogh, avec le soutien du Conseil départemental du Val d’Oise, a mis en place une structure temporaire destinée à protéger les vestiges. Celle-ci a d’ailleurs été étudiée afin de permettre au public d’observer les racines originales dans les meilleures conditions.

Nous nous sommes rendus sur place pour la cérémonie officielle du dévoilement de la découverte. Ce en présence de Wouter van der Veen,  bien sûr, mais également de Dominique-Charles Janssens, Président de l’Institut Van Gogh, Emilie Gordenker, Directrice du Musée Van Gogh d’Amsterdam, Barbara Vroom-Cramer, Présidente de la Fondation Van Gogh, Vincent Willem van Gogh, arrière-petit neveu de Vincent van Gogh, Friso Wijnen, Conseiller culturel et de la communication, Ambassade des Pays-Bas à Paris, Janne Heling, Membre du conseil d’administration de la Fondation Van Gogh, Marie-Christine Cavecchi, Présidente du Conseil Départemental du Val d’Oise et Isabelle Mézieres, maire d’Auvers sur Oise.

Et cela a été effectivement assez émouvant de se dire que l’on se trouve à l’endroit précis où Vincent Van Gogh à peint pour la dernière fois, il y a tout juste 130 ans !

Le site se trouve rue Daubigny, à 150 mètres de l’Auberge Ravoux, l’établissement où Van Gogh passa les 70 derniers jours de sa vie, et où l’on ne manquera pas d’aller se restaurer et boire un verre pour compléter une visite sur les chemins de Van Gogh au coeur du Val d’Oise. 

Pour les plus curieux et passionnés du peintre, notons que Wouter van der Veen a écrit un ouvrage consacré à sa découverte,« Attaqué à la racine », en téléchargement libre ici.

En savoir plus sur la Maison de Van Gogh.

L’inauguration en images

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